SANS-TITRE(S)
Cécile Raquin, Christian Dechavanne, Claire Forget, Damien Marcoux, Nathalie Pallandre
Photographies : Fred Morin
Production : Groupe Kraft
2000
Rien, dans le domaine de l’imaginaire, ne pourrait être aussi terrifiant, fascinant, magique ou déconcertant qu’une rencontre avec la réalité. Diane Arbus
“Dans cette pièce sans-titre(s) tout le monde en prend pour son grade. Un spectacle délirant qui choisit de s’attaquer avec justesse au travers d’une société hypocrite et excessive. Pour faire passer le message : rien qu’un décor très simple constitué de deux escabeaux, une table en bois, une grande planche, quelques bandes de tapisserie … mais tout change vite. La troupe de cinq personnes agence et module ce décor à toute vitesse, comme pour montrer à quel point il est facile de maquiller, de mettre en scène, de cacher. Dans le même esprit, de nombreux vêtements sont utilisés, pour stigmatiser la primauté donnée à l’apparence dans la vie moderne, les références universelles à des canons de beauté fabriqués de toutes pièces ou démasquer les narcisses trop contents d’eux. Une palette musicale variée, du jazz à l’opéra en passant par le trip-hop, rythme la succession rapide des portraits et des scènes. Le Groupe Kraft met le doigt sur le ridicule de l’audiovisuel spectaculaire, sur le culte du corps, l’émerveillement béat des gens pour des choses futiles, ou encore le mimétisme imposé par la pression sociale pour correspondre à des modèles imposés. Le tour d’horizon est assez large et la manière fonctionne parfaitement. La mise en scène est drôle, la lutte contre les stéréotypes efficace, et surtout la justesse des interprétations hypnotise le public. Ce spectacle est vraiment à voir et à revoir car chacun peut reconnaître sa propre image dans les miroirs utilisés par le Groupe Kraft.”
F. Berthier - webstub.lyon.com - 16 janvier 2001
“Une belle débauche d’énergie sur scène. Jean-Philippe Derail sait indéniablement bouleverser les idées reçues et les données préétablies. Les cinq comédiens se sont ingéniés, durant une succession rapide de scènes, à remettre en question certains fondements de notre société. Pire ! Ils ont fustigé les choses futiles qui régissent notre existence et prennent le dessus sur les grandes idées … critique, ouverte ou sous-jacente, de l’abrutissement télévisuel, de la violence omniprésente, de la misère récurrente, de l’argent-roi et du productivisme. On entre de plain-pied dans cet univers si étrange de l’art contemporain, où se mêlent gestuel et avarice orale. Le message transite par les mouvements du corps et doit se comprendre sans de longs discours. Ce style séduit mais également choque. L’alchimie entre ce côté provocateur et celui de dénonciateur semble un gage de réussite.”
Laurent Odouard - l’Essor - 9 mars 2001